🔞 春画 Shunga 🔞

Posté le 13 mars 2020 par Klodya

⚠️ Attention, cet article pourrait heurter la sensibilité des lecteurs non-avertis !⚠️

 

Connaissez-vous cette fameuse estampe d’Hokusai ? (Pour l’image entière non-censurée, c’est ici). Il s’agit de 蛸と海女 , Tako to ama (le poulpe et la femme), peinte en 1814.

 

Elle représente une femme enlacée par 2 poulpes, le petit l’embrasse et enlace son sein, tandis que le plus gros est en train de lui faire un cunnilingus. Quand cette gravure a été découverte et analysée par les Européens, ils ont tout de suite pensé qu’il s’agissait d’un viol. Cependant, lorsqu’on lit la description accompagnant l’œuvre, on y apprend tout autre chose ! Le plus grand poulpe dit (entre autres) :

Je vais enfin pouvoir te ramener à Ryûjin dans 竜宮城 (ryûgû jô) le palais sous-marin.

Ainsi, on apprend qu’Hokusai s’est inspiré de la légende de Tamatori hime pour peindre cette gravure. Ensuite, la femme exprime sa jouissance en disant :

Oh c’est bon… jusqu’à présent, c’est moi que les hommes surnommaient la pieuvre…

On apprend donc, que cette relation est consentie.

🔞 春画 Shunga 🔞

Cette estampe est un shunga, une œuvre érotique sur gravure ukiyo-e. Littéralement, shunga veut dire « image de printemps », sachant que le printemps est un euphémisme pour dire « sexe ». le shunga est apparu à l’époque Muromachi (de 1336 à 1573) et s’est inspiré des manuels de médecine chinoise. Cependant, il faut attendre l’époque d’Edo (de 1603 à 1867) pour que le shunga soit vraiment populaire.

Une particularité du shunga, c’est que les parties génitales sont totalement exagérées pour qu’elles deviennent l’élément central de la scène. L’autre élément marquant, c’est que les protagonistes sont toujours habillés. Pourquoi ? Car à cette époque, les Japonais étaient totalement à l’aise avec la nudité, ils avaient l’habitude de se voir nus dans les bains publics mixtes. Il était plus excitant de voir les gens habillés que nus et en plus, seules les parties intimes étaient montrées donc encore plus mises en valeurs.

Ces images avaient pour but d’enseigner aux jeunes-femmes et aux jeunes-hommes, comment s’y prendre, c’était un peu l’équivalent du kamasutra. Il n’était pas rare d’avoir un fascicule décrivant l’anatomie humaine ainsi que des conseils sur l’hygiène, accompagnant les shunga. D’autres fois, les images étaient accompagnées d’anecdotes car à l’époque, parler de sexe était tellement libre, qu’on pouvait en rire. Tout le monde avait des shunga, que ce soit les samouraïs (il paraît que ça portait chance), que des marchands ou des femmes au foyer.

Peintre : Keisai Eisen

 

🔞 Répression et conséquences 🔞

Que s’est-il donc passé pour que le shunga soit un jour interdit ? Le Japon a tout simplement décidé de s’ouvrir à l’Occident durant l’ère Meiji (de 1868 à 1912). Pour cela, l’Empereur a signé différents traités et a imposé le modèle industriel mais aussi le style victorien que l’on suivait surtout en Grande-Bretagne; car les Européens furent choqués de découvrir un pays avec une sexualité si libérée.

La moralité victorienne interdit de décrire toute pensée sexuelle (que ce soit verbalement ou à l’écrit) ; de même, elle interdit aussi les relations homosexuelles, alors qu’au Japon, les samouraïs avaient fréquemment des relations avec leurs porteurs d’épées, sans que cela ne choque qui que ce soit.

En 1907, l’empereur fit adopter l’article 175 du code pénal japonais qui puni d’emprisonnement quiconque vend et distribue du contenu dit “obscène”. De même, les bains mixtes furent désormais interdits. Des milliers de shunga furent ainsi détruits mais pour contourner la censure, les dessinateurs en sont venus à 2 solutions :
  • Flouter les images sexuelles, à l’aide de pixels ou avec un petit carré noir.
  • Trouver une alternative aux images pornographiques classiques.

Peintre : Utamaro

 

🔞 Voilà comment est né le 触手強姦 shokushu gôkan 🔞

Quand, en 1814, Hokusai avait peint Tako to Ama, il avait anticipé la censure amorcée par le shogunat Tokugawa (dynastie de shoguns qui dirigea le Japon de 1603 à 1867) et renforcée durant l’ère Meiji. Maintenant que les dessins représentant des actes sexuels entre hommes et femmes étaient interdits, les dessinateurs ce sont tournés vers des images pornographiques entre Hommes et créatures.

Shokushu gôkan signifie viol par des tentacules, même si les relations illustrées sont (parfois) consenties. Pourquoi des tentacules ? Car bien que ça puisse être comparé à des pénis, ce n’est pas le cas ! Une créature non-humaine n’a pas de genre, donc ça ne peut être considéré comme obscène et donc ça ne peut être illégal.

Peintre : Hiroshi Hirakawa

🔞 La censure de nos jours 🔞

Cette loi est toujours d’actualité ! Cependant très peu de procès… Le dernier en date était en 2004, l’éditeur Yuuji Suwa a été condamné à verser 1.5 millions de yens (environ 12 000€) pour son manga hentaï Honey Room et avant lui, il n’y avait pas eu de procès de ce genre en 20 ans.

Il y a quelques années, il était interdit de photographier des poils pubiens (et de les montrer que ce soit en image, photo ou au cinéma) mais la loi, n’est pas claire à ce sujet. Puis en 1991, un photographe très connu, publia un livre-photo d’art d’une jeune pop idol qui n’avait que 17 ans à l’époque… Énorme succès ! Et bien que la loi n’ai pas changé, il est apparu (comme par magie), que désormais, les poils pubiens ne sont plus si obscènes. Il y eu après ça, un mini-boom de livres-photos montrant des poils pubiens. Cependant :
  • S’il vous venait à l’esprit de regarder le livre photo de Rie Miyazawa, sachez qu’elle n’avait que 17 ans, donc elle était mineure = détention d’image pédopornographique donc c’est illégal au Japon ! Ce qui est ironique car ça a été un best-seller ! 
  • Montrer des poils pubiens n’est donc plus illégal mais si les poils sont trop volumineux ou trop brillant, l’œuvre sera quand même censurée ! 
🌹Pour conclure 🌹 : le fait que le porno (et hentaï) soit censuré au Japon, n’empêche pas l’industrie de se porter à merveille ! Saviez-vous que l’industrie du porno au Japon rapporte près de 20 milliards d’euros ? C’est 2 fois plus qu’aux USA. A ce jour, c’est le pays le plus rentable dans ce domaine. Et pour aller plus loin, n’hésitez pas à regarder The Naked Director, l’histoire vraie de Muranishi Toru qui révolutionna l’industrie des films pour adultes dans les années 80. La fiche détaillée est disponible ici.

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